L’utilisation du plastique dans notre quotidien devient un problème de plus en plus pesant. Avec la formation du « 7ème continent » aux cœurs des océans, il est plus qu’important de trouver des alternatives satisfaisantes pour emballer nos produits. Il existe heureusement un bon nombre d’idées (plastique comestible à partir d’algue, poudre de bambou compactée, etc…) qui font leur chemin et qui, on l’espère, aboutiront jusque dans nos magasins. Mais si on regarde un peu en arrière, où le plastique ne nous avait pas encore envahis, on peut trouver pas mal d’idées intéressantes. Et si on faisait du neuf avec du vieux ?
 Permettez-moi de vous présenter, en guise d’inspiration, comment les Japonais d’antan emballaient leurs produits alimentaires !

Différents types d’emballages

Jusqu’à la fin de l’ère Meiji, tous les emballages japonais étaient faits en matières 100% naturelles. Les Japonais tiraient partis des ressources naturelles environnantes, comme la terre, la paille, le bois, le bambou. Les végétaux avaient une place de choix pour emballer et transporter les denrées alimentaires. On retrouve donc plusieurs catégories principales dont :

Warazaiku : la paille de riz tressée

Le Warazaiku (藁細工), ou « travail de la paille » comprend tout ce qui se rapporte au tressage et à la sculpture de la paille. On trouve donc aussi bien des cordes, des poupées, des décorations diverses et variées. Mais bien évidemment, c’était aussi une matière première de choix pour emballer les aliments. On en trouve en abondance, c’est souple, solide, et isolant. Les possibilités plastiques sont d’ailleurs telles que, comme vous pouvez le voir sur ces photos, on peut même créer des emballages très agréables à l’œil !

Emballage traditionnel japonais

© Nihon no Zokei Site

Emballage japonais paille

© Nihon no Zokei Site

Takekawa : la gaine de bambou

Au cours de sa croissance, la pousse de bambou est protégée par une gaine. Des feuilles protectrices qui recouvrent le tronc. Ces feuilles sont assez grandes pour envelopper des petites portions de riz et autres victuailles. Vous voyez l’aluminium ou le film plastique recouvrant votre sandwich préalablement préparé ? Et bien à la place, les Japonais d’antan utilisaient ces feuilles pour empaqueter et emporter leur déjeuner. Ces gaines de bambou étant naturellement riches en phénol, aux propriétés antibactériennes, les Japonais emballaient sans crainte du riz cuit avec quelques légumes saumurés à même ces feuilles. 
Il est aussi très utilisé pour la cuisson à la vapeur ou à l’eau. Il fait donc une très bonne alternative pour le papier de cuisson.

emballage takekawa bambou

© Taketora

Sasa : les feuilles de bambous

Techniquement parlant, le « Sasa » (笹) est une des espèces de bambou. Plus petit mais tout de même capable d’atteindre les deux mètres de hauteur. Ses feuilles sont utilisées pour empaqueter de la nourriture en plus petites portions, telles que des boulettes de pâte de riz et autres. Le fait d’emballer avec des feuilles ne se limite pas non plus au bambou. On trouve en effet des victuailles emballés dans des feuilles de bananiers. La ville de Nara est notamment connue pour ses sushis emballés dans des feuilles de Kakis. De manière plus générale, le fait d’utiliser une feuille en guise d’emballage permet de conserver, voire de magnifier le goût des aliments. On a donc un intérêt gustatif qui se rajoute.

emballage feuille bambou

© Nihon no Zokei Site

Bambou

Le bambou est une matière aux propriétés techniques très intéressantes qui le rend très polyvalent. A la fois souple, solide et étanche, on l’utilisait en guise de conduit pour l’eau. On s’en servait également comme gourde pour transporter sa boisson.

emballage japonais bambou

© Nihon no Zokei Site

Avantages et inconvénients

N’allons pas jusqu’à dire que ces emballages sont sans limites ! Ce genre d’emballage comporte des avantages comme des inconvénients.
Pour les avantages, nous pouvons déjà dire que ce sont des emballages en matières 100% naturelles, biodégradables, voir-même réutilisable par la suite (en combustible ou en fourrage pour les bêtes pour ce qui est de la paille). Bien évidemment, on ne peut que reconnaître l’aspect esthétique de ces emballages finement tressés et noués.
Ceci dit, l’emballage étant faite en matières organiques, il serait difficile d’imaginer qu’il puisse supporter un très long voyage, dans la cale d’un bateau ou la soute d’un avion (avec le taux d’humidité et les chocs de températures qui vont avec). L’application de ce genre d’emballage se limiterait donc au marché local, voir national. 
Aussi, il faut ajouter que ce type d’emballage requiert un véritable savoir-faire, et donc beaucoup de temps et de main-d’œuvre. A moins de pouvoir mécaniser et automatiser tout le processus d’emballage, il y aura un coût conséquent qui va impacter sur le prix des produits. 
Enfin, à moins de faire en sorte à ce que la production de plantes fourragères soit utilisée pour faire ces emballages (qui nourriront le bétail en fin de cycle), on se retrouverait à intensifier une agriculture déjà bien trop intense.
Qu’en pensez-vous ? Les techniques d’emballages traditionnels japonais restent-ils des artefacts du passé ? Ou sont-elles des alternatives exploitables pour remplacer les emballages plastiques ? La question reste ouverte.

© artisanatjaponais.com / Co-écrit par Lucas et Takeshi


SOURCES EXTERNES

« Okamoto Shoten », http://www001.upp.so-net.ne.jp/okasho/index.htm

« Research Gate », « LOOKING BACK TO THE PAST: REVIVAL OF TRADITIONAL FOOD PACKAGING« , https://www.researchgate.net/publication/274075774_LOOKING_BACK_TO_THE_PAST_REVIVAL_OF_TRADITIONAL_FOOD_PACKAGING

« Taketora », https://www.taketora.co.jp/fs/taketora/ki00031

« Nihon no Zokei Site », http://kousin242.sakura.ne.jp/wordpress/%E6%97%A5%E6%9C%AC%E3%81%AE%E3%81%8B%E3%81%9F%E3%81%A1/%E5%8C%85%E3%82%80/%E8%97%81%E3%81%A7%E5%8C%85%E3%82%80/