S’il y a bien un point commun entre la France et le Japon, c’est que tous deux sont des pays où l’année peut se découper en quatre saisons. Et vu que l’hiver pointe le bout de son nez, je me disais que ça serait intéressant de se pencher sur comment les Japonais d’antan luttaient contre le froid.
Si les Japonais d’aujourd’hui ont principalement recours à l’air conditionné (terriblement gourmand en électricité) et aux chauffages d’appoint (pas mieux), ils ont dû faire preuve d’ingéniosité auparavant pour se réchauffer dans les maisons traditionnelles.
Toux ceux d’entre vous qui êtes déjà venus au Japon l’auront constaté, mais l’architecture traditionnelle japonaise peut présenter de sacrés défauts en termes d’isolation thermique. Les Japonais d’antan ont donc inventé plusieurs dispositifs pour se tenir au chaud dans leur intérieur, que je vais vous présenter ici.
Je vous présenter dans l’ordre 5 objets, des plus « abandonnés », à ceux qui sont encore utilisés par les japonais contemporains.
1. Hibachi (火鉢) : le brasero

© Université de Nagasaki
Déjà présent dans les foyers des nobles et des guerriers pendant la période Nara, le brasero se déclina sur de nombreuses formes et se « démocratisa » auprès des couches populaires à période Edo. Les braseros pouvaient être en métal, en céramique, parfois même en bois. Une version plus élaborée, appelée Nagahibachi (長火鉢) ou Hakohibachi (箱火鉢), consiste en une cuve de métal insérée dans un petit meuble en bois pourvu de tiroirs. On avait affaire-là à une véritable cuisinière portable, et les Japonais d’antan ne manquaient pas de l’utiliser pour chauffer de l’eau ou cuire des aliments. Bien évidemment, avec les risques d’incendies, ces objets sont maintenant de simples antiquités.
2. Yutanpo (湯たんぽ) : la bouillotte

© Edo Guide
Initialement, ces bouillottes ont été importées de Chine, et étaient en métal. Ils pouvaient faire la taille d’oreiller, avec une petite ouverture où on introduisait l’eau chaude. Très vite, cet objet se déclina sous une multitude de formes et de matières. L’avantage était qu’ils ne provoquaient pas d’incendies, contrairement aux braseros. Mais on pouvait tout de même se brûler par un contact prolongé. Actuellement, ces vieilles bouillotes ont été remplacées depuis belle lurette par leur fameux homologue en plastique.
3. Dotera (褞袍) : Le manteau long

Utagawa Toyokuni
Il était très difficile de chauffer l’intérieur des maisons traditionnelles. C’est pourquoi les Japonais d’antan portaient à l’intérieur un manteau bien chaud. Il s’agit tout simplement d’un grand Kimono fourré de coton, plus épais. C’est à partir de l’époque Edo qu’il fut adopté par la classe populaire. Les Japonais au mode de vie le plus rigoureux, comme les artisans et membres du bas peuple, sortaient avec ce manteau. Avec le déclin du Kimono, qui n’est actuellement porté que pour des évènements ou dans certaines branches professionnelles, le Dotera est aussi maintenant un objet du passé.
4. Hanten (袢纏) : le manteau court
Si le Dotera est l’équivalent du Kimono pour l’intérieur, le Hanten est celui du Haori : un par-dessus dont la longueur peut aller jusqu’entre les hanches et les genoux. Normalement il se porte sur un Kimono classique. Le Hanten est lui aussi fourré en coton et se ferme uniquement par une ficelle de chaque côté que l’on noud. Très confortable, il est encore très couramment utilisé de nos jours, puisque son format s’adapte aussi bien au style japonais qu’occidental. Il reste tout de même surtout utilisé par les personnes âgées, les jeunes ayant jetés leur dévolu pour les plaids, les grandes gigoteuses et autres pyjama-licornes.

© Edo Guide
Si le Dotera est l’équivalent du Kimono pour l’intérieur, le Hanten est celui du Haori : un par-dessus dont la longueur peut aller jusqu’entre les hanches et les genoux. Normalement il se porte sur un Kimono classique. Le Hanten est lui aussi fourré en coton et se ferme uniquement par une ficelle de chaque côté que l’on noud. Très confortable, il est encore très couramment utilisé de nos jours, puisque son format s’adapte aussi bien au style japonais qu’occidental. Il reste tout de même surtout utilisé par les personnes âgées, les jeunes ayant jetés leur dévolu pour les plaids, les grandes gigoteuses et autres pyjama-licornes.
5. Kotatsu (コタツ) : la table chauffante

© Edo Guide
Sans doute de loin le plus connu des mordus du Japon, et le plus fantasmé par les amoureux du confort ! A l’origine, il s’agissait juste d’une cage en bois que l’on posait par-dessus le foyer, et que l’on recouvrait ensuite d’une couverture épaisse pour se lover dans la chaleur. Le Kotatsu devint déplaçable en ajoutant un fond à la cage, surmonté d’un petit brasero avec une ouverture très étroite pour éviter de se brûler. Et petit à petit, le Kotatsu pris la forme d’une table.
Etendez tout d’abord un tapis épais pour vous isoler du sol froid. Posez ensuite la structure de la table, comprenant les pieds et un chauffage par résistance électrique. Recouvrez le tout d’une grande couverture épaisse. Posez enfin la surface plane sur la structure recouverte, et vous pouvez vous vautrer dans une débauche de chaleur moelleuse. Aux yeux des Japonais, le Kotatsu est devenu un mobilier incontournable en hiver, presque symbolique de cette saison.
© artisanatjaponais.com / Écrit par Lucas, en direct du Japon.
SOURCES :
« Edo Guide », « いつの時代も冬の憩いの場、こたつ », https://edo-g.com/blog/2016/02/heater.html/2
« Edo Guide », « 四季に合わせて年に4回の衣替え », https://edo-g.com/blog/2017/01/winter_clothes.html
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